Compagnie Un Pas De Côté

Sylvie Gravagna

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Sur les planches dès l'adolescence, licenciée d'Histoire, comédienne formée pour l'essentiel grâce au travail de Jerzy Grotowski et par la suite metteuse en scène, Sylvie Gravagna a 26 ans quand elle adapte le roman de Robert Merle « Derrière la vitre » qui deviendra “Nanterre-la-Folie” à la scène (Edition de Fallois). Le spectacle créé en 1991 et fondateur de sa collaboration avec Nicolas Lambert et met en scène la jeunesse étudiante, le jour du 22 mars 1968 au sein de l’Université de Nanterre, journée qui marquera en France le début de « mai 68 ». 

D’une façon intuitive, elle questionne la relation ambivalente si ce n’est conflictuelle entre vision politique et comportement individuel. Par la suite, au sein de la compagnie Charlie Noé qu’ils ont créée, Sylvie Gravagna et Nicolas Lambert se consacrent à monter des auteurs classiques dans des dramaturgies inspirées par la Commedia Dell Arte, le Théâtre de Foire et le Cabaret. Ils improvisent, elle écrit des formes courtes pour les jouer « sur le terrain », leur terrain de jeu est celui d’une banlieue populaire. 

A partir de 2000, Sylvie Gravagna renoue avec l’écriture basée sur l’Histoire. Pour exemple, la pièce maitresse de son “Cabaret Victor Hugo” (2002) met en scène l’Affaire belge , un dossier politique (coupures de journaux, séances à la chambre des sénateurs belges etc... ) sur l’implication courageuse de Victor Hugo lors de l’exil des communard en Belgique. 

En 2003, elle écrit des Visites guidées du temps passé sous forme de spectacles déambulatoires aux seins des écoles de la Ville de Pantin reliant architecture et éducation. Après une collaboration de 3 ans avec le service des archives de la Ville de Pantin, elle imagine le destin d’une famille pantinoise sur plusieurs générations : “La Saga des Lutz” . La mise en scène sous forme d’une installation interactive ressemblant à un grenier pose la question de l’identité sur la terre migratoire que fut la banlieue parisienne. 

En 2010, elle écrit “Victoire la fille du soldat inconnu” (texte édité par Un Pas de Côté), monologue théâtral entre conte et comédie musicale. C’est la structure patriarcale de la société française de l’entre-deux-guerres qu’elle se dessine en creux sans jugement anachronique malgré un humour caustique. 

En 2014, le festival réunionnais KOMIDI lui passe commande d’un feuilleton radiophonique mis en onde par Antoine Chao avec des lycéens de Saint-Joseph sur le rôle des réunionnais pendant la guerre de 1914-1918 : “Mort d’un coupeur de canne dans un champ de betteraves” (Edition La Canopée). Dans cette fresque sans héros, la guerre est racontée du côté des hommes aussi bien que des femmes. Malgré quelques spécificités réunionnaises, c’est le sort des coloniaux souvent mal connus que ce texte met en scène. 

En 2016, elle écrit “Une vraie femme !” la suite des aventures de Victoire Bayard situées de 1945 à 1970 alors que le mouvement de libération des femmes se préparent. Elle l’adapte en 2020 pour trois comédiennes (le projet de départ) ainsi nait :  Des femmes modernes.

En 2019, elle a adapté une scène de ce spectacle en un scénario de court métrage “Maternité heureuse” et le réalise avec Loïc Maldonado. Ce film est actuellement envoyé aux festivals et a déjà reçu des prix : le Commended Best Drama au Women Over 50 Film Festival de Brighton, un Award Merit au WRPN- Women's International Film Festival dans le Delaware, Le Tarin d'Or au Festival du Film Court en Armagnac, le prix collectif d'Interprétation Féminine & le prix Spécial du Jury au Festival Les Moulins d'Or de Sannois (95). 

Actuellement elle achève une nouvelle pièce “Les cohérent-es” autour de la figure de Rirette Maîtrejean, individualiste anarchiste du début du XXeme siècle et proche de la « Bande à Bonnot » et est en formation AFDAS avec Drama-drama sur un projet de scénario qui refait vivre les premiers temps des relations conflictuelles entre cinéma et propagande politique à la « Belle époque ». 

Sa dernière création “Des Femmes modernes” met en scène les destins croisés de plusieurs femmes de 1946 à 1966, grâce au personnage fil rouge de Victoire Bayard, anti héroïne , qui traverse le siècle dernier en prenant peu à peu confiance en elle. Le mariage de la petite et de la grande histoire permet d’appréhender l’essor historique et social de la question de la question de l’égalité hommes/femmes. Sylvie Gravagna souhaite proposer ce spectacle accompagnés d’ateliers artistiques aux publics lycéens.