L’Ours


Office universitaire de recherche socialiste

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C’est avec une sincérité politique et civique intense, maîtrisée par son art de comédien éclos dès l’adolescence, que Nicolas Lambert (après sa trilogie au vitriol L’A-démocratie) s’engage dans ce qui est une vraie performance, centrée sur la “France Empire”, cet empire sans lequel de Gaulle, la France et ses alliés n’auraient pas bouté les nazis et dont des millions de soldats ont été si mal traités (euphémisme).

Traversé de souvenirs familiaux et d’un récit personnel de formation, ce nouveau spectacle de Nicolas Lambert – avec Sylvie Gravagna à la collaboration artistique et Erwan Temple aux lumières – contient beaucoup de révélations, ou de choses enfouies, ignorées ou aseptisées dans les manuels scolaires, attestées par des historiens avec lesquels l’auteur-metteur en scène a travaillé, quant aux exactions, massacres, horreurs, commis contre tous ces peuples de l’Empire, sans exception, au nom de la République (et de ses valeurs).

Si certaines scènes fondées sur la caricature et l’imitation de personnages célèbres, ou non, ne manquent pas de l’humour nécessaire, et si l’ensemble fait bien théâtre, c’est l’effroi devant le cynisme politique et le recours à la violence mortelle (depuis les conquêtes) qui domine, jusqu’à la longue évocation finale de Mayotte, résonnant particulièrement en ce moment. Malgré quelques petites longueurs, un théâtre documentaire de création, de toute urgence et de toute nécessité.